Thursday, January 10, 2008

Les mésaventures (x2) du Land Roamer !!

.                    Darwin le 15 octobre 2022

=> Je saute dans « l’espace-temps » et je vous relate ici une synthèse de mes mésaventures récentes sur une piste, près du Golfe de Carpentarie dans les « Northern Territory » Australiens.

Vendredi 18 septembre 2022. Tout a commencé quand mon disque d'embrayage se déchire pour la 2e fois de ce tour du monde (la première fois c'était à Bornéo !) ceci près de Katherine petite ville à 310 kilomètres au Sud de Darwin; je dois faire venir un camion-plateau et David, le chauffeur, va me ramener à Katherine.

=> Pour les non initiés les 3 éléments de la photo ci-dessus, ne devrait constituer qu'UN seul disque !

Je suis bloqué à Katherine le temps de faire venir de Melbourne un disque… usagé. En effet, impossible de trouver un disque neuf en Australie et je ne voulais pas attendre pendant 2-3 semaines, la réception par courrier express d’un disque expédié depuis la France car j’étais trop impatient de prendre la route vers le Cap York avant la saison des pluies qui ne va pas tarder.

Vendredi 30 septembre. Après avoir remonté l’embrayage et la boite de vitesse, je quitte Katherine vers midi ; je prends la Stuart Highway qui file vers le centre et le sud du pays et sur les conseils d’un australien rencontré à Katherine, je bifurque vers Borroloola, première étape de pistes longeant le Golfe de Carpentarie qui doivent me mener vers Cairns, ma prochaine destination. La prudence me conseillait de rester sur la grande route nationale pour arriver à Cairns, mais en prenant ces pistes, je gagnais 300 kilomètres et passais par des zones intéressantes. Force est de constater que même après 70 années de vie, je continue de « vivre dangereusement », car je prends cette option plus risquée avec un embrayage usé et pas testé... 

Le premier soir, je dors le long de la route, dans une aire de repos semi-aménagée.

Samedi 1er octobre. Je continue ma route vers Borroloola que j’atteins en début d’après-midi. C’est une de ces « anciennes » routes (en voie de disparition) où n’est goudronné que le voie centrale et on doit mordre sur les bas-côtés en terre stabilisé pour croiser les autres véhicules. 

Je fais le plein de gasoil et décide de passer la nuit dans un camping (tarif hors-saison) pour profiter d’une douche avant plusieurs jours de pistes. Au camping, j’offre une bière à Steve, un excentrique et on refait le monde.

Jour 1 - Dimanche 2 octobre. Après la nuit passée dans le camping, je me lance sur ces pistes qui ne sont ni bonnes, ni spécialement mauvaises, mais sur lesquelles circule très peu de véhicules. Après 190 kilomètres, vers 15h00, « clac » mon embrayage cède ! Par chance 30 minutes après mon avarie, un Land Cruiser pick-up s’arrête, je remets à Bob (un australien de 85 ans !) une note manuscrite qu’il devra déposer à « Hells Gate Road house » (distante de 134 kilomètres) demandant de faire envoyer un camion plateau de dépannage. J’ai de l’eau, de la nourriture, pas de soucis de ce côté-là.

Hum, en quittant Borroloola, j’avais eu un réel présentiment que je pouvais tomber en panne : j’ai fait mes réserves d'eau et surtout j’ai acheté de succulentes oranges pour compléter mes réserves alimentaires. 

Evidemment, je suis hors des zones de couvertures téléphoniques et trop confiant en moi-même, en ma bonne étoile, en mon Land Roamer et étant un procrastinateur hors-pairs, avant de quitter Katherine, je n’ai pas pris le temps de réactualiser l’abonnement pour ma balise de communication par satellite « InReach » de Delorme. Je suis donc sans moyen de communications à 190 kilomètres de Borroloola et à 134 km du prochain Road Housse qui aurait Internet.

Pendant que j’attends le camion de dépannage (je ne suis pas certain d’où il va venir, au mieux, il pourrait arriver demain, ou le surlendemain…) je prends le temps de commencer d'écrire ce récit et de trier mes photos de voyage en Australie afin de finalement les mettre sur mon blog.

Je suis dans une région où il y a des vaches, donc beaucoup de mouches ! La température maximale va atteindre 38°C, une très légère couverture nuageuse et un semblant de brise. Sur cette piste secondaire peu fréquentée, de 15 heures jusqu’à la nuit il va passer 3 véhicules.

Jour 2 – Lundi 3 octobre. Afin de rassurer Denise, je donne à Nevin qui passe dans une voiture en direction de Borroloola , un message manuscrit, demandant de lui envoyer par SMS/texto un message d’information sur ce qui m’arrive. La plupart des véhicules s’arrêtent pour demander des nouvelles, voir si j’ai besoin d’eau ou de quelque chose, mais PAS toutes, je suis étonné et déçu du peu de solidarité entre voyageurs motorisés en pleine brousse !!! Pour ce premier jour, je ne me fais pas de soucis que le camion de dépannage ne soit pas encore arrivé, car il faut du temps pour organiser leurs départs et ils sont assez loin de l'endroit où je me trouve.

Jour 3 – Mardi 4 octobre. Journée « yoyo ». Vers midi, une voiture qui vient de la direction de Hells Gate me dit que le secours arrive, mon moral monte d’un cran. Mais il prend un sacré coup quand vers 16h00, Steven dans un autre véhicule venant aussi de Hells Gate me dit clairement que "non", le staff de Hells Gate ne peut rien faire, car ils sont de l’autre côté de la frontière des Etats, je suis encore dans les Territoires du Nord, Hells Gate est dans le Queensland ! C’est aux forces de Polices des Territoires du Nord d’organiser mon secours. Steven me dit qu’il va faire le maximum pour m’aider d’une manière ou d’une autre. Je n’en mène pas large, cela m’arrive rarement, car je sens que je vais rester bloqué le long de cette piste pour encore plusieurs jours…

A 21h30, une voiture arrive, alors qu’elle se rapproche je constate des gyrophares de la Police ! Les officiers Steve et Emily ont reçu le message qu’il y avait quelqu’un bloqué sur la route et ils venaient investiguer et m’apporter de l'eau. Ils me disent que ce sont leurs prérogatives d'organiser un camion dépanneur; ils prennent les détails de ma carte de crédit pour le dépanneur… Chapeau bas aux forces de Police de Borroloola qui ont fait un aller-retour de 400 km de pistes pour investiguer mon cas ! Mon moral remonte et je m’endors serein, bien que réalisant que je risque de rester encore 2 jours sur cette piste… Il va passer 10 véhicules durant la journée, 11 avec la Police.

Jour 4 – Mercredi 5 octobre. Il a plu durant la nuit, il fait 27°C ce matin et il y une forte couverture nuageuse qui empêche mon panneau solaire de débiter suffisamment d’Ampères pour mon réfrigérateur et pour mon laptop, je fais tourner le moteur du Roamer pendant 25 minutes pour recharger mes batteries auxiliaires. Jour calme, vu l’endroit isolé où je suis, je ne m’attends pas à déjà voir arriver la dépanneuse aujourd’hui… Vers 11h00, Steve avec qui j’avais partagé une bière au camping de Borroloola passe avec son Land Cruiser et son chien ; il me propose une bière bien fraîche qui est très appréciée et on discute un moment ! A 15h00 Cameron, un motard en Suzuki 650 s’arrête, on parle de mon voyage en Asie, cela le motive de quitter l’Australie en moto et de faire un grand périple.

A 16h30, une camionnette avec le fermier d’une « station » (d’élevage) pas trop éloignée s’arrête : il me transmet le message de confirmation qu’un camion de dépannage est censé arrivé demain ! A 16h45, Nick, un ouvrier de cette même station passe devant moi avec une niveleuse qui tracte son Land Cruiser, il s’arrête et il m’explique qu’il améliore principalement les pistes privées de la Station. - Il va passer 10 véhicules durant la journée.

Jour 5 – Jeudi 6 octobre. La journée est longue, les heures s’écoulent doucement, toujours pas de camion plateau… A 12h40, une moto s’arrête (BMW 1200 GS), je discute avec un 2e Cameron (!) et lui remets un message à envoyer par SMS à Denise quand il arrivera à Borroloola (Denise le recevra bien plus tard). Je lui demande aussi de passer au poste de police pour leur signaler que je suis toujours bloqué… j’espère qu’il fera ces 2 tâches. A 13h30, Torben, un jeune allemand qui est en Australie depuis 4 ans s’arrête et nous discutons un moment pendant qu’il se fait un café. A 16h30, des touristes allemands en pick-up de location circulant en direction de Hells Gate Road House s’arrêtent, je leurs demande de voir avec le manager ce qui se passe et ce qui peut se faire. Pour dire vrai, en fin d’après-midi, mon moral baisse un peu… 

Durant la journée, les mouches sont omniprésentes dehors, heureusement, il y en a moins dans le Roamer ; en début de soirée elles disparaissent par enchantement. A la nuit tombée je mets mon fauteuil au milieu de la route (pour profiter d’une légère brise) et me délecte d’une bière bien fraîche, merci mon frigo qui fonctionne parfaitement. Journée avec beaucoup de nuages gris, bien car il n’a pas fait trop chaud (maximum 37°C) mais pas bien, car mon panneau solaire est à la peine pour recharger mes batteries auxiliaires. - Wow, il va passer 16 véhicules durant la journée !


Jour 6 – Vendredi 7 octobre. En prenant mon café du matin, je me dis que je risque d'attendre l'arrivée du camion-plateau jusqu'à la mi-journée. A 8h30, le camion-plateau arrive ! Trop bien !!! 

On charge mon véhicule sans problème et on reprend la route vers Borroloola que nous atteignons à 13h00. L’entreprise de dépannage n’avait pas pu venir la veille car elle était occupée à récupérer un autre véhicule en panne. Pour ne pas tarder à venir me chercher, Mark le chauffeur du camion était parti de Borroloola à 4 heures du matin ! On décharge mon Roamer dans le Caravan Park où j’avais déjà passé une nuit, je donne à Mark un bon « pourboire » pour le remercier d’être parti si tôt le matin et me voilà de retour dans cette petite bourgade insignifiante.

Samedi 8 octobre. Je me mets au travail et avec de l’aide pour les dernières minutes, on sort la boîte de vitesse du Land Roamer ; comme pressenti le disque d’embrayage est complètement déchiré, il aura tenu moins de 860 kilomètres… A sa réception, j'avais remarqué que cet embrayage provenait d'une version moins puissante du moteur Peugeot que le mien, qu'il était "faiblard" et qu'il n'allait pas résister très longtemps...

Borroloola est une bourgade insignifiante et le camping est moyennement bien, beaucoup de mouches la journée et des moustiques la nuit ! De plus le soir on doit rentrer tous ces effets personnels dans le véhicule car des voleurs viennent faire des razzias dans le camping. C'est le Far West!

Mardi 11 octobre. A 7h30 je prends un bus pour une très longue journée de route vers Darwin, un voyage de 972 km, heureusement sur des routes goudronnées, qui va prendre 13h30.

Tard le soir, après mon arrivée dans un "backpackers hostel", suite à des réflexions et discussions avec d’autres possesseurs de Brutt, je commande en France, par internet, un kit d’embrayage renforcé Black Diamond ; mais… il y a 2 semaines de délai de fabrication et encore 10-15 jours pour qu’il arrive en Australie.

Mercredi 12 octobre. Comme je dois attendre plusieurs semaines pour mes pièces de rechange, pour me remonter le moral, je me suis organisé aujourd'hui pour :

1) Réserver des vols pour Dili, au Timor-Leste, du 17 au 31 octobre (Le Timor n'est pas loin de Darwin).

2) Réserver un hôtel au centre de Dili pour les 3 premières nuits 

3) Faire une réservation d'une moto pour 10 jours.

Cela me permettra de découvrir une partie de ce petits pays et de ne pas déprimer ici à Darwin..


Aucune idée quand je vais reprendre la route... Ma date butoir est d’être à Sydney le 14 décembre pour prendre un vol vers Genève et vers ma famille, YES, cela va être possible !

... Voilà un résumé de mes dernières aventures en terres australiennes !

Il faut rester ZEN, le scénario pourrait être bien pire…